Jésus,  Bon Pasteur, dimanche des vocations

Homélie du 4ème dimanche de Pâques B :

                      Lectures : Ac 4, 8-12;  Ps 117; 1 Jn 3, 1-2; Jn 10, 11-18

Mes frères et mes sœurs, posons-nous d’entrée de jeu cette question : peut-on s’oublier soi-même jusqu’à payer de sa personne ? Le don de soi est la condition sine qua non pour s’engager sur le chemin exigeant d’aimer et de servir : « Je donne ma vie pour mes brebis » (V.11)… « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même » (Thérèse de Lisieux).

C’est le dimanche des vocations aujourd’hui. Qu’elle soit laïque, presbytérale, de vie consacrée, toute vocation est un feu dévorant, l’aspiration qu’on a  au fond de son cœur de se rendre utile aux autres. Il faut bien du dévouement, de la passion et du talent  pour arriver à cela. En effet, tout ce que nous réalisons sur cette terre n’a de sens et de soupçon d’éternité que si nous le faisons  par amour. La vocation chrétienne en général est un appel à traverser les eaux tantôt agitées, tantôt apaisées de la vie avec le Christ, qui nous indique le rivage de la liberté et du vrai bonheur… Alors dis-moi : à quelle vocation le Seigneur t’appelle-il et comment y réponds-tu ?

Si Jésus décline son identité, c’est pour nous faire raisonner, mais surtout faire  résonner en nous le mystère de l’amour de Dieu, nous aider à comprendre un tant soit peu sa mission : « Je suis le pain de vie, la lumière du monde, la porte, la vigne, la résurrection et la vie… » Et aujourd’hui : « Je suis le Bon Pasteur, le Vrai Berger« . A l’époque de Jésus, le peuple d’Israël était majoritairement rural et pastoral…  Voici le quotidien de la vie d’un berger : chercher de verts pâturages et les points d’eau pour la vie des brebis ; les protéger des voleurs ou des animaux  prédateurs  et, le soir, les ramener dans l’enclos.

 Quand Jésus se déclare être un berger sans nul autre pareil, le berger sûr, il se rapporte à l’amour qu’il a pour le croyant. Avec lui, la brebis ne risque pas de se fourvoyer dans des voies sans issue, les ravins de la mort. Il soigne la brebis blessée, fortifie celle qui faiblit. « Je connais mes brebis « dit-il, « et mes brebis me connaissent« .  Con-naître signifie ici naître avec l’autre, autrement dit engager une relation mutuelle affectueuse. Il s’agit de cette merveilleuse dialectique : connaître pour aimer et aimer pour connaître davantage ! Maurice Zundel l’exprime en ces termes : « il n’y a de vraie connaissance que dans l’amour ». La foi n’est pas une adhésion intellectuelle, c’est une relation confiante,  un attachement au Dieu Trinitaire. Dans ses Confessions, Saint Augustin dit à Dieu : « J’ai tardé à t’aimer…, tu étais dedans, moi dehors»… Le Bon Pasteur  donne sa vie pour ses  brebis et son souci permanent, c’est que ses brebis « aient la vie et la vie en abondance » (Jn 10, 10).

En effet, comme l’atteste Saint Jean,  « Il est grand l’amour dont il nous a comblés  » (2ème lecture). Un amour sans  frontières, qui se manifeste dans la diversité des cultures et des personnes. Bref, il est destiné, cet amour divin, à atteindre tous les êtres humains, car tous, croyants ou non, sont ses enfants. Comme une orange gorgée de jus, le cœur de chaque être humain en est irrigué. D’où, notre inclination naturelle à aimer et à être aimé.

« J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas dans cet enclos« . Ces brebis étrangères sont aussi promises à entrer dans l’enclos de l’alliance avec Dieu. Cela doit bien interroger notre préoccupation pastorale d’aller en périphérie (pape François), chercher tous les enfants de Dieu bien au-delà des murs de nos communautés chrétiennes parfois introverties, sans rayonnement ni ouverture !     

Par sa croix, Jésus réconcilie ciel et terre mais aussi, avec ses bras étendus, rassemble les hommes du monde entier dans l’unité. Ce faisant, le mystère pascal devient «  catholique », universel.                                                                 

                                                                                              Vital Nlandu, votre curé-doyen

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