Homélie de la Pentecôte, Année B : L’Esprit Saint soutient notre témoignage
Lectures : Ac 2, 1-11;Ps 103; Ga 5, 16-25; Jn 15, 26-27; 16, 12-15.
Mes sœurs et mes frères, il y a 2000 ans, les apôtres étaient bousculés par l’avènement de l’Esprit Saint, qui signa pour ainsi dire le commencement de la mission de l’Eglise dans le monde. Alléluia – Amen ! Jésus est vivant, il est ressuscité ! L’Esprit Saint serait-ce un Dieu inconnu (Ac 19, 1-8) ? En tout cas, pour certains, c’est l’apanage d’une élite, le bien exclusif des illuminés ou encore un concept théologique accessoire … Dans sa lettre apostolique « Tertio millennio adveniente », le pape Jean-Paul IIsouligne qu’il convient, dans l’Eglise, de s’appliquer à « la redécouverte de la présence et de l’action de l’Esprit Saint » (n°45). La Pentecôte est, comme une tortue marine qui remonte à la surface des eaux pour respirer, l’occasion favorable de nous lever et de respirer à pleins poumons, d’inspirer profondément le Souffle divin qui oxygène et fait vivre spirituellement; l’occasion d’invoquer son effusion en nous et sur nous, sur notre famille, notre Unité pastorale, sur l’Eglise et le monde entier.
En effet, il n’y a pas de vie chrétienne sans relation personnelle et intime avec l’Esprit Saint. D’où ce leitmotiv de la 2ème lecture : « Vivez sous la conduite de l’Esprit « . Sans l’Esprit Saint, Dieu est lointain; le Christ appartient au passé, c’est un cadavre de plus. Sans l’Esprit Saint, l’Evangile est lettre morte; l’Eglise une simple organisation et la mission, une propagande … Mais avec Lui, le Ressuscité se rend présent, l’Evangile devient puissance de vie. L’Esprit Saint soutient notre témoignage comme il l’a fait pour le Christ. Regardez : le Christ naît, l’Esprit Saint le précède. Il est baptisé, l’Esprit est présent. Au désert, il le réconforte et le fait revenir en Galilée. Lorsqu’il est élevé au ciel, l’Esprit lui succède… En effet, à l’intérieur de chacun de nous, discret, il agit invisible mais avec force. Il est le Feu qui consume tout mal au fond des cœurs. Comme la sève des arbres qui fait éclater les bourgeons du printemps, il est l’énergie qui nous fait rebondir autrement; face à l’angoisse de vivre, c’est un réconfort intérieur… Il est l’Onction, qui pénètre au tréfonds de notre être; se diffuse dans tout notre corps, son temple : « Ne savez-vous pas que votre corps est un temple de l’Esprit Saint, qui est en vous ? » (1 Co 6, 19).
Décrivant la Pentecôte, saint Luc écrit : « Chacun entend les apôtres dans son propre dialecte, sa langue maternelle » (2ème lecture). La diversité socio-culturelle est ainsi sauvegardée, chacun est respecté dans son identité profonde et accueilli dans la différence de sa race, de ses talents et dons. Parlant du pluralisme dans l’unité que réalise l’Esprit Saint, Basile de Césarée (père de l’Eglise) écrit : « C’est la même eau fraîche et féconde qui tombe sur le champ, afin que fleurisse rouge le coquelicot, rose la rose, bleu le bleuet « …
« Quand il viendra le Défenseur que je vous enverrai… » L’Esprit Saint nous défend de quoi ? Des forces de mort, du poison de l’autocensure délétère et de la culpabilité paralysante. Il nous défend de nos idées mortes, nos déserts et nos vieux préjugés. Il nous aide à résister contre nos peurs, nos désespoirs et autres pesanteurs. Il nous défend contre notre ego, notre manque de confiance en nous-mêmes, notre orgueil. Mais comme fait remarquer Maurice Zundel : « Dieu ne peut rien en nous sans nous« .
Chers amis, l’Esprit Saint est un don que Dieu ne peut refuser à un cœur-éponge, le cœur humble qui lâche prise et se dispose à s’en imprégner. A ce sujet, Jésus dira lui-même : « Si vous, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent » (Lc 11, 13).
Que l’Esprit de Dieu repose sur nous chaque jour de notre vie.
Vital Nlandu, votre curé-doyen