A l’épreuve de la foi 

Homélie du 12ème dim. ord. B  : A l’épreuve de la foi                                                    

           Lectures : Jb 38, 1.8-11; Ps 106; 2 Co 5, 14-17; Mc 4, 35-41

Chers amis, connaissons-nous vraiment Jésus-Christ ? La question de son identité traverse tout l’Evangile de saint Marc : « Qui est-il donc cet homme, pour que même le vent et les flots lui obéissent ? » (Mc 4, 41; 8, 27-29; 14, 61; 15, 39). La liturgie de la Parole de ce dimanche nous aide à plonger une fois de plus dans le mystère de sa connaissance : connaître Jésus pour mieux l’aimer, s’attacher davantage à Lui.

Elle est merveilleuse la page d’Evangile que l’Eglise propose à notre méditation: les vents hurlent, les vagues déferlent … Curieux !  Voici une tempête et pourtant Jésus est là. Non, il n’a jamais promis de supprimer les embûches de la navigation, les obstacles dans la vie de ses amis. Dans la  prière sacerdotale de saint Jean, il dit expressément ceci : « Père, je ne te prie pas de les retirer du monde, mais de les garder du Mauvais » (Jn 17, 15). Autrement dit : ils doivent assumer, boire la coupe de leur vie jusqu’à la lie, mais toi, délivre-les du mal ! Quand j’oublie que Jésus est là, présent et vivant, que la puissance de sa résurrection agit dans ma vie, qu’il m’accompagne et même m’habite, je sombre dans la peur paralysante et liberticide.

« Pourquoi avez-vous si peur ?  » (V 40). A mon avis, la question de fond à se poser est   celle-ci : comment ne pas devenir le jouet de toutes ces peurs et angoisses qui nous troublent et nous rongent ? En effet, nos peurs sont de véritables coups d’épingles qui empoisonnent et pourrissent notre vie. Elles restreignent nos envies et nos ambitions, nous font régresser, nous font perdre confiance en nous-mêmes et provoquent des maladies. La peur est le contraire de la foi, un manque de confiance qui accable et décompose. Certes, il faut prendre conscience des dangers et des menaces qui nous guettent, mais sans jamais oublier d’aller puiser au fond de nous-mêmes la force morale pour les exorciser. Le bonus pour le croyant, c’est qu’en plus de ses propres ressources, il a une force de salut exceptionnelle: la confiance en l’Amour de Dieu. « Tu n’auras pas peur de tes ennemis car le Seigneur ton Dieu est avec toi » (Dt 20, 1). La foi, c’est la conviction sinon la certitude profonde que même si la barque de ma vie est ballotée par des éléments déchaînés (séparations, échecs, incompréhensions, frustrations, trahisons, maladies, deuils…), que même si je fais l’expérience du « silence de Dieu », je sais sans en démordre que son Amour pour moi aura raison de tout. « Scio cui credidi » dira saint Paul, « Je sais en qui j’ai mis ma foi » (2 Ti 1, 12).

Dieu est grand ! Le récit de la mer maîtrisée (selon le Premier Testament, la mer c’est le lieu du grand abîme, peuplé de monstres infernaux et de puissances maléfiques) est le signe de sa puissance sur le mal. Ce récit renvoie ainsi aux moments désespérés et orageux de notre vie, qui nous invitent à nous abandonner à Dieu dans une confiance totale : « Nous sommes perdus, Seigneur, cela ne te fait rien ? » (V39). Voilà un vrai questionnement de la foi qui est en même temps prière d’abandon. A ce moment-là,  Dieu déploie sur nous toute la mesure de son Amour, car c’est quand nous sommes faibles que sa grâce surabonde ! Malgré les aléas de la vie, Il ne nous  abandonne jamais. Voilà pourquoi nous Lui devons une action de grâces permanente (Ps 106). Son Amour nous a saisis (2ème lecture), il fait du croyant une « créature nouvelle« . N’est-ce pas là la conversion : se regarder, regarder « autrement » l’autre, la nature, les événements de l’histoire et Dieu ? Regarder non plus de manière simplement humaine, mais avec une bienveillance évangélique. Quand je rencontre une personne, j’ai un a priori positif sur elle, me disant que dans l’absolu, il y a en chacun de nous, plus de choses à admirer qu’à mépriser. Et même s’il y a des choses à dédaigner, par maturité spirituelle, je fais l’effort de ne pas mêler les genres, de bien distinguer la personne qui garde absolument sa dignité humaine et la faute qu’elle a  éventuellement commise. Celle-ci, seulement, doit être désapprouvée…

 
Chers amis, que le Seigneur augmente notre foi : c’est la clé d’une vie apaisée !

                                                                           Vital Nlandu, votre curé-doyen

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