Homélie du 16ème dim. ord. B : des scènes de désolation jamais vues
Lectures : Jr 23, 1-6 ; Ps 22; Ep 2, 13-18; Mc 6, 30-34
Chers amis, l’eau qui donne la vie peut semer la mort et le chaos. Nous avons vécu cette semaine des scènes de désolation et de détresse apocalyptiques, qui ont fait le tour du monde : des pertes humaines, le fruit d’une vie de travail englouti et tant d’autres dégâts incommensurables. Devant ces intempéries meurtrières, il y en a qui veulent et, à juste titre, comprendre en recherchant les causes : serait-ce le réchauffement climatique ou encore un manque flagrant de curage des cours d’eau, les pratiques agricoles intensives, l’aménagement insuffisant du réseau d’égouttage des rues, l’urbanisation effrénée (des permis de bâtir accordés à tout va) … ? Toujours est-il qu’il faut tirer les leçons d’une telle tragédie.
En ce qui me concerne, ce qui m’a édifié c’est plutôt cette mobilisation spontanée et remarquable de solidarité citoyenne et d’entraide. Au lieu de se percher sur le pont pour se contenter de regarder l’eau passer, les gens se sont mouillés. Je renvoie ici à l’évacuation risquée des personnes et animaux en situation dramatique, l’évacuation des camps scouts, des patros et autres mouvements de jeunesse. Je pense aux biens de première nécessité fournis aux personnes sinistrées ; aux moyens d’urgence dégagés par le gouvernement, à l’accueil des victimes dans les familles, chez les amis, les voisins ; au déploiement des services de secours, de la police, de l’armée, des pompiers, des équipes logistiques de la Croix-Rouge, des ouvriers communaux et à tant d’anonymes. La solidarité s’est étendue même au-delà de nos frontières : ces secouristes venus de France, d’Italie et d’Autriche dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’Union Européenne … N’oublions pas nos prières personnelles et collectives dans l’épreuve.
Nous avons tous pu expérimenter ce que l’être humain a de meilleur, sa lumière intérieure, le trésor qu’il a au fond de lui, à savoir son hospitalité ou dirais-je, en d’autres termes, son humanité ! C’est la clé de voûte d’une coexistence pacifique dans une société plurielle, qui brasse diverses cultures, races et convictions philosophiques.
Dans la page d’Evangile de ce dimanche, à la fin du 1er stage missionnaire de ses disciples, Jésus débriefe, il fait avec eux le point sur les acquis. Il conseille de ne pas « tirer sur la corde » : il y a un seuil de surcharge et de tension nerveuse à ne pas dépasser, autrement on va au clash, à l’épuisement physique et psychique. Le repos est une hygiène de vie à respecter à tout prix. Cependant, il ne rechigne pas d’être à l’écoute et au service de ceux qui sont en quête de sens, qui cherchent à se raccrocher à quelqu’un. Pour saint Paul (2ème lecture), c’est lui, Jésus, qui fait tomber le mur d’incompréhension et de haine qui sépare les hommes ; il les réconcilie avec Dieu et entre eux.
« Eloignez vos tentes et rapprochez vos cœurs » (Proverbe touareg). La concorde humaniste et universaliste, les élans de bienveillance, de partage et de respect de la dignité humaine que nous venons de vivre, consolident le lien sacré entre les hommes et font écho de notre réconciliation en Jésus-Christ.
« A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres « (Jn 13, 35).
Témoigner de l’amour qui nous anime est, sans conteste, un gage de survie et d’avenir.
Vital Nlandu, votre curé-doyen