Marthe et Marie, le service et la prière

Homélie du 16ème dimanche ord C : Marthe et Marie, le service et la prière

Lectures : Gn 18, 1-10 a; Ps 14; Col 1, 24-28; 10, 38-42

Chers amis, qu’est-ce que le temps qui passe, sinon notre marche vers Dieu ? Et comment nous y tenir et progresser ?  Par la liturgie de la Parole d’aujourd’hui, nous savons que c’est entre autres par l’hospitalité, le service et la prière.

Dans la 1ère lecture, Abraham, le père des croyants,  de qui se réclament tant les musulmans que les juifs et les chrétiens, reçoit à l’ombre des chênes de Mambré trois mystérieux étrangers. D’où viennent-ils et où vont-ils ? On ne sait pas. Pour certains exégètes, ces  trois hôtes préfigurent le Dieu Trinitaire. Le dialogue se fait tantôt entre Abraham et une seule personne ; tantôt entre Abraham et les  trois personnes : un seul Dieu en trois Personnes ! Dieu nous rejoint ainsi sous les traits de la personne que nous recevons, en l’occurrence l’étranger qui se présente, le pauvre qui quémande le bonheur. Il est magnifique ce conseil biblique qui s’inspire de la 1ère lecture : « N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges » (He 13, 2). Merci et bravo aux visiteurs de malades, de prisonniers, de blessés de la vie. La semaine dernière, je suis allé visiter une personne âgée. A mon arrivée, ma question : « Madame, que puis-je faire pour vous ? » Réponse : « Je voudrais parler, depuis le matin, je n’ai encore parlé à personne ! » Et ce prêtre âgé décédé qui m’écrivait en ces termes,  j’ai gardé sa lettre : « Monsieur l’abbé, ne trouverais-je pas dans vos paroisses quelqu’un avec qui je pourrais correspondre ou qui viendrait me visiter temps en temps ? Je me sens seul et je suis dépressif ! » …

C’est le même thème dans l’Evangile : l’hospitalité. La famille de Béthanie est bien connue dans la Bible : une famille d’accueil de Jésus, où il passait de temps en temps prendre une tisane ou une galette fraîche. Il est accueilli cette fois-ci par les deux sœurs, Marthe et Marie, deux profils tout à fait différents mais complémentaires : Marthe est dans l’action,  et Marie  dans la contemplation…  Une anecdote : avant la visite dans une abbaye, la maman veut vérifier la culture religieuse de son petit garçon et lui demande : « Dis-moi, pour toi, c’est qui un moine ?  » Réponse : « C’est celui qui prie pour ceux qui n’ont pas le temps de prier ! » Comme Marthe qui est débordée et irritée par son travail.

La scène décrite est une expérience de la vie quotidienne : la femme en cuisine, l’homme affalé sur le canapé devant l’ordinateur ou la TV !…  Ici, c’est Marie qui se la coule en douce, en train de boire les paroles de Jésus…  Jésus reconnaît la générosité de Marthe qui, d’ailleurs, l’appelle Seigneur. Il sait pertinemment que sans son service, ils n’auront pas à manger. Ce qu’il lui reproche plutôt, c’est son agitation, son activisme sans profondeur, son esprit obnubilé par la tâche qui la fait se détourner de l’essentiel.

Oui, cette histoire n’est jamais finie. Les apôtres eux-mêmes ont dû instituer le ministère de la diaconie pour qu’ils se donnent davantage à l’écoute de la Parole (Ac 6, 1-6). Et nous-mêmes,  ne courons-nous pas sans arrêt ni répit, tellement occupés et même préoccupés, plongés plus dans le faire que dans l’être ?  Les conséquences peuvent être lourdes : tensions nerveuses, familles brisées, épuisement, burn-out …

« Alors que Marthe se demande comment nourrir le Seigneur, Marie elle, se demande comment être nourrie par le Seigneur« (saint Augustin). Ce faisant, Marthe choisit l’utile et Marie  l’indispensable. Les deux dispositions sont certes importantes, mais à prioriser, mieux vaut, avant tout,  l’indispensable. Jésus nous rappelle que sans une communion intime avec Lui, qui est la Source, nos engagements sociaux, paroissiaux, familiaux sont comme un bouquet de fleurs placé dans un vase sans eau, un arbre déraciné, coupé de sa source nourricière.  Il le dit en  ces termes : « Cherchez d’abord le Royaume  et la justice de Dieu,  et le reste vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 33).

Celles et ceux qui sont connectés à Dieu l’expérimentent : il faut continuellement recharger les batteries,  car lorsque la prière s’affadit, on perd motivation, confiance et espérance ; on se pose la question des « à quoi bon  » et les inquiétudes refont surface. La part la meilleure, c’est donc la communion spirituelle avec Jésus qui, contrairement au service, perdure au-delà de la mort. Aussi, « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée« 

                                                                            Vital Nlandu, votre curé-doyen

Cet article a été publié dans Homélies, Le mot du curé. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Un commentaire pour Marthe et Marie, le service et la prière

  1. Anne-Elisabeth dit :

    Merci pour cette belle et nourrissante réflexion, bien à propos en ce temps de vacances !

    J’aime

Les commentaires sont fermés.