Ce qui précède la chute, c’est la hauteur !

Homélie du 22ème dimanche ord C : Ce qui précède la chute, c’est la hauteur !

Lectures : Si 3, 17-18. 20. 28-29; Ps 67; He 12, 18-19. 22- 24a; Lc 14, 1. 7-14

Chers amis, le tic-tac de l’horloge nous emmène doucement vers la rentrée, et c’est un bel Evangile qui est proposé à notre méditation. Il peut nous aider à mieux nous connaître et, le cas échéant, nous laisser transformer par la grâce de Dieu. Il s’agit de l’orgueil qui gouverne certaines de nos attitudes quotidiennes.

L’orgueil est cet instinct animal de puissance et d’écrasement qui m’aiguillonne : je suis le plus beau, le plus intelligent, le plus fort, le plus performant ; je peux tout, je sais tout, je ne peux pas me tromper et, donc, me remettre en question … Ce penchant narcissique  pousse à l’autosuffisance, à l’arrogance aveugle, au dédain de ce qui n’est pas soi, au manque de respect et de considération vis-à-vis des autres, de la nature et de Dieu. On se paie alors le culot de se servir le premier, de se faufiler à la première place, de s’écouter parler, de snober les autres …

Et croyez-moi, il est difficile de vaincre l’orgueil !  Car l’homme, en général, a besoin de paraître, d’être valorisé, reconnu talentueux … Notons, cependant, que  notre orgueil peut être le reflet de nos complexes et combats intérieurs pour lesquels nous voulons nous montrer victorieux, bref  le reflet de nos blessures. Oui, l’homme, en général, a besoin de briller, de prouver, d’étonner même pour des mérites qu’il n’a pas. C’est comme disait Jacques Chirac à propos de la culture, qu’il comparait à la confiture : moins on en a, plus on l’étale sur son pain ! Et pourtant, Socrate considéré de son époque comme le plus sage des hommes, ne disait-il pas : « Tout ce que je sais, c’est que je sais que je ne sais rien ! « . L’orgueil est l’imposture ridicule de se croire plus important, en l’occurrence plus savant qu’on ne l’est. Son antidote est l’humilité.

L’humilité est, à bien des égards,  cette beauté intérieure, la grandeur de l’âme qu’on appelle simplicité : on est libéré du souci du paraître, de la comédie des apparences, de l’artifice de la poudre aux yeux et du grand tralala. Sans affectation ni prétention, on agit de manière authentique et naturelle, en toute liberté intérieure. Etre humble ne signifie pas s’agenouiller, se dévaloriser, s’aplatir, démissionner, capituler, accepter l’humiliation. Par rapport à Dieu, la personne humble reconnaît que tout est grâce; elle chante la passion de Dieu pour l’être humain et toute la création! Et par rapport aux autres, elle les admire, les respecte au point de les considérer, comme dit saint Paul, supérieurs à elle-même (Phi 2, 3-4).  En effet, on a toujours besoin d’un plus petit que soi. Il y a en chacun une petite étoile – sans doute à allumer -, un potentiel, un domaine dans lequel il se distingue et excelle. Voilà pourquoi la tolérance, l’accueil des différences est tellement enrichissant. « Humilité » et « humus » ont la même racine. L’humus est une terre féconde, généreuse et riche qui fait germer et grandir. Il n’y a qu’une seule chose qui puisse arriver à une personne humble : c’est être promue comme dit la parabole de Jésus dans l’Evangile, je cite : « Mon ami, avance plus haut … Qui s’abaisse sera élevé« . L’humilité précède la gloire et l’orgueil, la chute, la ruine.

Chers amis, en collant l’Evangile sur son oreille, on y entend vibrer de manière forte l’exhortation à l’humilité. Il y pullule tellement de figures et sources d’inspiration d’humilité : la Vierge-Marie (qui dit dans son Magnificat : « Dieu détrône les puissants, il relève les humbles« . Elle garde tout dans son coeur);  Jean-Baptiste (qui dit : »Que lui, Jésus, grandisse et que moi je diminue, je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale« ), et Jésus lui-même, « le doux et humble de cœur » (sa kénose ; il béatifie le doux – exalte la force de la colombe -;  le lavement des pieds; « Le plus grand sera votre serviteur… Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir« ; « Père le te rends grâce, ce que tu as caché aux savants, tu l’as révélé aux petits » …). Pourquoi donc cette insistance sur l’humilité ? C’est parce que la Bonne Nouvelle apportée par Jésus-Christ n’est rien d’autre qu’une civilisation d’amour à bâtir sur l’humilité et la modestie. Et c’est tout à fait logique, car on ne peut pas aimer l’autre à fond sans s’oublier soi-même : aime et tu mourras …  à toi-même !

Et si jamais, ma soeur, mon frère, tu veux que ta tendance à l’orgueil s’estompe et même s’éteigne un jour, allume alors ton désir d’aimer et de servir de manière désintéressée !

                                                                               Vital Nlandu, votre curé-doyen

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