La semaine dernière, j’invitais à supplier à partir de la profondeur du cœur. Mais lorsque nous sommes touchés par l’épreuve, n’est-ce pas tout notre être jusque dans ses arrière-cellules (cf. J. Lafrance), qui est atteint? Dès lors n’est-ce pas « de tout nous-mêmes », corps et âme, que la supplication devra jaillir?…
Quelle aide assurément lorsque le cœur, les lèvres, les mains, les pieds, le corps tout entier, se mettent ensemble pour la supplication ! Pour entrer dans ce chemin, notre meilleure école sera, une fois encore, le psautier. Rien n’y est laissé de côté quant au recours à l’expression du corps… Les yeux qui se lèvent: Vers toi j’ai les yeux levés, qui te tiens au ciel… (Ps. 123,1)… La bouche qui crie: A pleine voix, je crie vers le Seigneur… (Ps. 3,5)… Les mains qui se tendent: La nuit, j’ai tendu les mains sans relâche… (Ps. 77, 3)… Les pieds qui se mettent en route: Par la grandeur de ton amour, j’accède en ta maison… (Ps. 5, 8)… Le corps en entier: Vers ton temple sacré je me prosterne… (Ps. 5, 8)…
La prière « par le corps » n’est-elle pas une dimension que nous avons beaucoup de peine à vivre en Occident? Oserais-je dire une fois encore qu’à ce niveau, nous aurions besoin d’une « grâce de dégel » ? Ouvrir les mains pour le Notre Père, comme certains ont commencé de le faire depuis quelques années, peut nous introduire avec douceur dans cette « prière du corps »… Avec douceur, car, en chemin spirituel, il importe de ne jamais forcer quelqu’un à aller plus vite qu’il ne peut !
S’il est bien une expression du corps qui est liée à la prière de supplication, c’est assurément celle du cri… Rappelons-nous le cri de Jésus sur la croix : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Mt 27,46)… Osons-nous la simplicité de vivre le cri, lorsque nous supplions ? Je garde le souvenir de retraites durant lesquelles on invitait les participants à aller libérer leur cri dans la forêt… Saint Paul écrit que notre corps est le temple de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 6,19). Ce temple ne risquons-nous pas d’en faire bien plutôt une cage, dès lors que nous empêchons l’Esprit-Samt de s’exprimer – de « sortir » librement – par lui? Assurément notre prière a tout à y gagner en fécondité ! Plus d’une personne de notre région pourrait en témoigner…