Homélie du 5èmedimanche C de Carême : Femme adultère, femme pardonnée !
Lectures : Is 43, 16-21 ; Ps 125 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11
Mes frères et mes sœurs, dans sa lettre aux Philippiens (2ème lecture), saint Paul écrit : « Oubliant ce qui est derrière et lancé vers l’avant, je cours vers le but « . Notre cap à nous aujourd’hui, c’est Pâques. Et comment m’y prendre alors ? Comme saint Paul, tout le reste, je m’en tape : ce qui importe pour moi, c’est la connaissance de Jésus-Christ et la puissance de sa résurrection. La connaissance dont il s’agit n’est pas une connaissance intellectualiste, livresque, mais c’est faire l’expérience du feu de l’amour de Dieu, vivre avec lui une relation profonde et intime. Et la puissance de sa résurrection est celle qui me donne la capacité de résilience et m’aide à me convertir.
Dans la page d’Evangile, Jésus est piégé par les chefs religieux pour le discréditer auprès de celles et de ceux qui écoutent son enseignement. Quoi qu’il dise, il est coincé : s’il dit de lapider la femme adultère, sa miséricorde passe à la trappe. S’il recommande de ne pas la lapider, il torpille et sabote la loi de Moïse. Toutes proportions gardées, cette histoire ressemble à celle de l’impôt à payer à César (Mc 12) : s’il conseille de le payer, il est collabo ; sinon il instigue les gens à se rebeller contre l’occupant romain. Pour déjouer ce nouveau traquenard, il ne répond pas, mais écrit sur le sol pour laisser à chacun le temps d’examiner sa propre conscience. Se faisant, il déplace le débat : ce n’est plus la femme qui est au centre du procès, mais ses accusateurs qui sont convoqués au tribunal de leur conscience. « Que celui qui se dit être parfait, qui n’est pas de temps en temps infidèle à son alliance de baptême, jette la 1ère pierre « . Chers amis, faisons attention à nos calomnies, nos ragots et à nos condamnations hâtives : c’est facile d’accuser les autres, et toi, que dis-tu de tes fautes, voire de tes pêchés ? Cela me rappelle l’histoire de la poutre et de la paille (Mt 7). Dans cette optique, saint Paul écrit : « Quand tu juges les autres alors que tu agis comme eux, tu te condamnes toi-même » (Rm 2, 1).
Curieux, saint Jean l’évangéliste ne parle que de la femme prise en adultère et pas de son amant ! Comme quoi, la discrimination en fonction des sexes vient de loin… En tout cas, il mentionne que ce sont les séniors qui, les premiers, se sont éclipsés en tapinois. Sans doute à cause de leurs fautes plus nombreuses et plus alarmantes !
Reste alors le fabuleux tableau de la miséricorde face au péché, la prodigieuse scène de Jésus seul face à cette femme humiliée, culpabilisée, anéantie par l’angoisse d’une mort cruelle. Notons que Jésus ne cautionne pas ses turpitudes : « Désormais, ne pèche plus« . En effet, on peut juger un acte sans pour autant stigmatiser son auteur. Je sais que cela n’est pas évident. Il en faut de la maturité humaine et spirituelle pour ne pas se livrer à cet amalgame : associer le forfait qui doit absolument être réprouvé, à la personne qui le commet et qui, elle, doit garder sa dignité humaine et son droit d’être aimée. Avec son : « Moi non plus, je ne te condamne pas« , Jésus offre à cette femme une nouvelle chance. Son pardon a réparé ses échecs d’amour ; l’a guérie en l’orientant vers l’avenir : oublie tes erreurs et tes peurs, oublie ce qui est derrière toi et « Va … », va redécouvrir ta vraie vocation, celle d’aimer en vérité. Alors des fleuves de grâce ont coulé dans les lieux arides de cette femme (1ère lecture). L’acte de foi qu’elle a posé témoigne de sa conversion : elle appelle Jésus « Seigneur« , qui est un titre pascal. Ainsi a-t-elle anticipé sa résurrection… Soutenu par un regard d’amour, le vrai pardon est révélateur de la beauté intérieure de la personne pardonnée.
Vital Nlandu, votre curé-doyen
sujet pertinent, approche pertinente et hautement maitrisée. Je Prie que Jésus m’aide à être réellement humble et capable d’éviter de confondre « le forfait qui doit absolument être réprouvé, à la personne qui le commet et qui, elle, doit garder sa dignité humaine et son droit d’être aimée ». Je serai alors plus utile que celui qui néglige la poutre dans son oeil et qui voit la paille dans l’oeil de l’autre.
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Merci Papa, pour ces réflexions de bien discerner le péché du pécheur !
Ne jugeons pas et nous ne serons pas jugé ! Aimé le pécheur pour l’amener à la Miséricorde !
Bon Dimanche à vous !
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