Notre Dieu est fidèle en sa Parole   

Homélie du 2ème dimanche de l’Avent C :   Lectures : Baruc 5, 1-9; Ps 125; Ph 1, 4-6.8-11; Lc 3, 1-6

Mes frères et mes sœurs, le prophète Baruc dans la 1ère lecture s’adresse au peuple juif prisonnier en exil à Babylone. Ce peuple vit une situation dramatique, humiliante et déprimante. Alors,  le prophète l’encourage, il annonce la fin du cauchemar en lui signifiant que le Dieu unique agit dans l’histoire humaine : « Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère ; enveloppe-toi de ta dignité, de ta parure de la gloire de Dieu … Debout Jérusalem sur la hauteur, regarde tes enfants qui retournent royalement vers la terre de la liberté ! »  Chers amis, Baruc touche ici ce qui est au cœur de notre foi chrétienne : même dans les difficultés les plus extrêmes, le Dieu libérateur nous sauve, son Amour a le dernier mot.  « Malgré les souffrances que je subis, écrit saint Paul, je suis sans crainte, car je sais en qui j’ai mis ma foi » (2 Ti 1, 12).

Oui, avec ce que nous vivons aujourd’hui, nous pouvons à juste titre  dire que nous nageons dans un océan d’incertitudes et dans cet océan, de violentes vagues s’abattent parfois sur nous de plein fouet : aléas et vicissitudes de la vie, maladies, décès, trahisons, incompréhensions, misères matérielles, spirituelles, psychologiques … Cependant,  notre espérance ne cesse de nous faire vivre, car même si nos pieds sont dans l’eau, notre regard est tourné vers les étoiles. Aussi longue que soit la nuit, le jour finit par se lever… Mais ce que je dis là,  ne serait-ce pas qu’une belle fable, la mielleuse consolation qui sert d’opium pour nous éloigner des problèmes réels de la vie ?

Chers amis, nous sous-évaluons parfois le pouvoir de la Parole de Dieu, c’est  une force incontestable : « Je n’ai point honte de l’Évangile, il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit  » (Rm 1, 16). Non, l’Évangile n’est pas un doux rêve fantasmagorique. Le psalmiste le clame haut et fort après le retour d’exil : « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve! » (Ps 125). Pour finir, l’exil a été pour le peuple hébreu,  l’occasion de revenir à Dieu. Une crise peut être un tremplin de progrès : l’arbre devient solide sous le vent.  Le terme grec krisis (crise) rime avec kairos (opportunité à saisir, occasion où une vie entière peut basculer). Dieu écrit droit avec des lignes courbes !  Même avec nos chemins de traverse, détournés, il nous amène là où il nous attend. Tout concourt au bien de ceux qui l’aiment !

Dans un langage de profonde affection, saint Paul remercie Dieu pour les changements opérés dans les cœurs des philippiens (2ème lecture). Ils sont la preuve tangible qu’il est à l’œuvre. En effet, si nous laissons entrer Jésus dans nos vies;  si, comme l’argile dans la main du potier, nous laissons l’Esprit-Saint nous façonner, les ravins de nos cœurs (indifférence, malveillance) seront comblés et  leurs collines (orgueil, égoïsme) aplanies. En vrai historien, saint Luc nomme avec précision les personnalités du pouvoir politique et religieux  au temps de la prédication du Baptiste. Ces hommes de pouvoir ont décidé de la mort du Précurseur et de Jésus-Christ, mais Dieu merci, la voix de ces derniers continue de retentir au-delà des frontières.

C’est cette Voix qui nous invite aujourd’hui encore à aller au « désert » de l’Avent, le  temps du combat spirituel, de la méditation et du dépouillement susceptible de nous enraciner à nouveau en Dieu, la Source qui étanche nos soifs spirituelles.

La Voix nous convie à la métanoïa, notre conversion intérieure ou encore le changement radical de notre regard vis-à-vis de nous-mêmes, des autres, de la mère-nature et de Dieu. N’oublions pas en ce temps d’Avent d’inventer de nouvelles voies de générosité et de don de soi : ils sont nombreux les humains qui ont besoin de l’aumône de notre sollicitude, de notre sourire, de notre regard bienveillant, de  notre parole valorisante; de notre visite, de notre coup de fil, de notre écoute active, de notre démarche de paix et de réconciliation.

                                                                                 Vital Nlandu votre curé-doyen

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